Le rôle des technologies de l'information et de la communication dans le développement de la qualité de la « relation client » : Application à la relation banque/entreprise

L'établissement, le développement et le maintien de la qualité de la relation client constituent des conditions sine qua non pour le succès des firmes (R. Morgan et S. Hunt, 1994). Cette vision est particulièrement pertinente dans le domaine des services professionnels (L. Crosby et al., 1990 ; C. Moorman et al., 1992) et plus précisément dans les services bancaires (C. Colgate, 1998) en raison de la perception accrue de risque et d'incertitude (Y. Benamour, 2000). En effet, la qualité de la relation favorise les relations collaboratives avec les clients (P. Doney et J. Cannon, 1997), réduit les coûts de transaction (R. Morgan et S. Hunt, 1994) et permet la continuité de la relation (L. Crosby et al., 1990).
Traditionnellement, le processus de développement de la qualité de la relation se basait traditionnellement sur l'interaction en face à face entre le personnel du prestataire de services et les clients (C. Moorman et al., 1992). Toutefois, les révolutions majeures réalisées dans le développement des technologies de l'information et de la communication1 (C. Domegan, 1996) ont fourni des nouvelles opportunités pour créer et maintenir la relation client. Par conséquent, il y a lieu de se poser la question quant au lien entre l'utilisation des TIC et le développement de la qualité de la relation. L'objectif étant de saisir les opportunités offertes par les TIC pour améliorer les relations clients et l'efficacité des opérations marketing dans les services bancaires (C. Colgate, 1998).
Dans ce sens, notre problématique consiste dans l'identification de l'impact respectif des TIC sur le construit de la qualité de la relation et sur ses antécédents à savoir la confiance, la communication, l'engagement, l'intégrité du rôle et la complexité de l'interface. En d'autres termes, nous essayons de montrer dans quelle mesure les TIC peuvent être appréhendées en tant que ressources à part entière capables de participer d'une manière significative dans l'amélioration de la qualité de la relation dans le domaine bancaire. En effet, Domegan (1996) estime que les TIC constituent une ressource stratégique pour améliorer le service client en instaurant un lien entre l'orientation marketing et l'orientation technologique de l'entreprise.
Pour conduire cette étude, nous nous sommes basés essentiellement sur des considérations d'ordre marketing et technologiques qui a permis de construire nos hypothèses de recherches et de montrer le potentiel des TIC dans la perspective de développement de la qualité de la relation.
Le plan de la présente recherche sera le suivant. D'abord, nous montrons l'importance de la qualité de la relation dans le domaine des services bancaires et synthétisons les définitions et les dimensions théoriques de la qualité de la relation ainsi que ses antécédents s'y rapportant. Ensuite, nous définissons les TIC et formulons nos hypothèses de recherche. Enfin, lors de la partie empirique, nous présentons la méthodologie, la collecte et l'analyse des données et enfin l'interprétation et la discussion des résultats.
1. La qualité de la relation dans les services bancaires
Au même titre que les services d'assurances (L. Crosby et al., 1990), les services bancaires se caractérisent par la perception d'incertitude émanant des facteurs comme l'intangibilité, la complexité, le manque de familiarité avec le service et l'aspect de long terme de la livraison du service (Y. Benamour, 2000). Pour cela, la littérature est unanime à dire que la qualité de la relation entre les parties constitue le principal mécanisme capable de garantir à la relation le dynamisme et la continuité nécessaires pour assurer son succès futur (L. Crosby et al., 1990 ; Kumar et al., 1995).
La qualité de la relation est d'autant plus importante dans le domaine bancaire que la dimension monétaire augmente le niveau de risque perçu, que le besoin en information est grand et que le secteur de la banque est difficile à différencier (Y. Benamour, 2000). Dans ce sens, les définitions de la qualité de la relation appuient ce qui précède. Ainsi, J. Smith (1998) définit la qualité de la relation comme étant une estimation globale de la solidité de la relation et de l'étendue jusqu'à la réponse aux attentes ou besoins des parties en se basant sur l'historique réussie ou non des projets. Dans les services des assurances, L. Crosby et al., (1990) avancent que la qualité de la relation revient à dire que le client est capable de compter sur l'intégrité du commercial et qu'il croit dans sa performance future. Dans les relation client/ fournisseur, Kumar et al., (1995) estiment que la qualité de la relation englobe les conflits, la confiance, l'engagement, la volonté d'investir dans la relation et l'attente de continuité de la relation.
En ce qui concerne les antécédents de la qualité de la relation, nous notons que la littérature est unanime quant à son aspect multidimensionnel (L. Crosby et al., 1990 ; Kumar et al., 1995). Toutefois, nous notons aussi que la littérature fournit des antécédents différents en fonction des contextes étudiés. Ainsi, pour F. Dwyer et al., (1987) dans le domaine de l'industrie automobile, la qualité de la relation émane de la participation, de la formalisation et de la centralisation. Dans le domaine des services financiers des assurances, L. Crosby et al., (1990) notent que c'est la similarité, l'expertise, le comportement relationnel commercial qui génèrent la qualité de la relation. Au niveau des services de recherches professionnelles, C. Moorman et al., (1992) se basent uniquement sur la confiance. Plus récemment, B. Fynes et al., (2005) dans le domaine logistique utilisent les dimensions de la communication, la coopération, l'engagement, la confiance, l'adaptation et l'interdépendance.
Dans le cadre de notre recherche, nous utilisons les dimensions de la confiance, la communication, l'intégrité du rôle, la complexité et l'engagement et ce, en raison du large support empirique fourni par la littérature marketing pour ses construits (exemple, F. Dwyer et al., 1987) mais aussi parce qu'ils constituent les dimensions retenues lors de la phase qualitative2.
2. Les antécédents de la qualité de la relation
2.1. La confiance
La confiance a été identifiée comme étant un facteur fondamental dans le développement de la qualité de la relation (A. Walter et al., 2003). Au-delà, la confiance constitue le construit le plus étudié et sollicité dans les recherches en marketing relationnel (exemple, R. Morgan et S. Hunt, 1994). En effet, elle favorise l'échange d'idées pertinentes, génère une meilleure clarification des objectifs et des problèmes, facilite la recherche de solutions, augmente la satisfaction et fournit plus de motivations pour appliquer les décisions qui découlent de la relation (R. Achrol, 1997). Plus particulièrement, la confiance est importante dans les contextes relationnels comme les services bancaires en raison des aspects de risque et d'incertitude (L. Crosby et al., 1990).
La littérature s'est traditionnellement intéressée à la confiance en tant qu'un mécanisme capable de réduire les coûts de transaction (R. Morgan et S. Hunt, 1994), de favoriser la transparence de la relation, la coopération et le partage d'informations (P. Doney et J. Cannon, 1997) et de décroître les risques (Y. Benamour, 2000). Plus récemment, la recherche s'intéresse à la confiance en tant qu'un mécanisme capable d'améliorer la valeur dans les relations inter-firmes notamment dans le domaine des services professionnels (S. Gounaris, 2005). En dépit de la pluralité des définitions de la confiance, la littérature s'accorde à confirmer que la confiance constitue la croyance, l'attitude ou l'attente que le comportement du partenaire d'échange sera dirigé en faveur des intérêts de la partie qui fait confiance (S. Andaleeb, 1992). En ce qui nous concerne, nous nous basons sur la définition de S. Chow et R. Holden (1997) qui conçoivent la confiance comme étant une attente de la part des individus portant sur la fiabilité des paroles, promesses, dires écrits ou verbaux d'un autre individu. Il s'ensuit que la confiance à l'égard d'un partenaire résulte de l'expertise de ce dernier, de sa fiabilité et de ses comportements passés. Dans notre contexte, la confiance reviendrait donc à considérer que le client croit désormais que son responsable de compte dispose de toutes les qualités et des compétences nécessaires pour faire de telle sorte que ses actions soient dirigées selon ses intérêts d'une manière non opportuniste.
2.2. Engagement
A l'instar de la confiance, la littérature du marketing relationnel a longuement insisté sur le rôle fondamental de l'engagement comme un ingrédient-clé dans la construction des relations interfirmes à long terme (E. Anderson et B. Weitz, 1992 ; R. Morgan et S. Hunt, 1994). Ainsi, dans le domaine des services professionnels, C. Moorman et al., (1992) définissent l'engagement comme étant la volonté continue de maintenir une relation valorisante. Gundlach et al., (1995) définissent l'engagement comme la volonté des partenaires d'échange de manifester un effort dans la relation et suggèrent une orientation future où les firmes tentent de construire une relation durable même en cas de problèmes non anticipés. Pour R. Morgan et S. Hunt (1994), il s'agit du principal facteur caractérisant les relations réussies et définissant l'engagement par la volonté des partenaires d'échange de maintenir une relation de valeur et de fournir le maximum d'efforts dans ce sens. F. Dwyer et al., (1987), définissent l'engagement comme un gage implicite ou explicite de la continuité de la relation et affirment que l'engagement constitue le niveau le plus élevé de liens relationnels. En effet, les parties engagées dans la relation se caractérisent par le fait qu'elles sont plutôt prêtes à réaliser des investissements dans des actifs spécifiques à la relation d'échange démontrant ainsi leur fiabilité à réaliser les fonctions essentielles de la relation dans le futur (E. Anderson et B. Weitz, 1992). Au niveau des services bancaires, ceci reviendrait à dire que le client serait plus volontaire d'investir dans d'autres services financiers.
2.3. La communication
La littérature marketing a largement reconnu le rôle fondamental de la communication dans le développement du marketing relationnel et par conséquent de la qualité de la relation (R. Morgan et S. Hunt, 1994). En effet, la communication favorise la continuité de la relation et la réduction des conflits (F. Dwyer et al., 1987), constitue le ciment qui permet de maintenir la relation (J. Mohr et J. Nevin, 1990), réduit la propension à quitter une relation d'échange (R. Morgan et S. Hunt, 1994), réduit la perception d'incertitude (P. Batt, 2004) et facilite la création d'un climat propice au développement de la confiance (F. Dwyer et al, 1987). D'un autre côté, les difficultés de la communication sont la première cause des conflits (J. Mohr et J. Nevin, 1990).
Plusieurs définitions ont été attribuées à la communication. C. Lages et al., (2005) présentent la communication comme étant l'activité humaine qui crée et maintient les relations entre les différentes parties impliquées dans l'échange. J. Anderson et J. Narus (1990) définissent la communication comme étant le partage formel et informel d'informations pertinentes et actualisées entre les firmes. L. Crosby et al., (1990) évoquent indirectement le concept de la communication via la révélation mutuelle d'informations entre les deux parties. Enfin, dans les services bancaires, Y. Benamour (2000) résume la communication sous forme de deux aspects majeurs, à savoir le partage réciproque d'informations et la qualité des informations échangées. Elle trouve d'ailleurs que la communication favorise la confiance interpersonnelle et institutionnelle. Dans ce sens, l'établissement des mécanismes fournissant des informations en temps réel et des feedback actualisés devrait minimiser les mauvaises perceptions, améliorer la transparence comportementale et améliorer la qualité de la relation (P. Batt, 2004).
2.4. L'intégrité du rôle
Dans une approche relationnelle, C. Macneil (1980) définit le rôle comme étant un ensemble complexe d'habitudes, de coutumes, de règles internes et d'attentes. Ainsi, lorsqu'on évoque l'intégrité du rôle, nous dépassons largement la simple notion d'honnêteté. Dans ce sens, I. Prim-Allaz (2000) explique que le rôle a une fonction sociale qui sert de fondement à la confiance et donc à la qualité de la relation. Même si Y. Benamour (2000) n'a pas identifié explicitement la notion du rôle, elle a insisté sur l'importance du responsable de compte dans la gestion de la relation client dans les services bancaires pour les particuliers. En effet, la compétence favorise la qualité de la relation en favorisant la confiance (P. Batt, 2004). Dans les services des assurances, L. Crosby et al., (1990) trouvent que l'expertise et le comportement de vente du vendeur ont un effet positif sur la qualité de la relation entre les vendeurs d'assurances et les clients. Au niveau des services financiers, Y. Benamour (2000) définit la compétence comme un ensemble d'un savoir-faire technique, une connaissance du marché, des concurrents et de l'industrie concernée et estime que la compétence intéresse toutes les qualifications requises pour mener à bien une tâche de manière efficace. Dans les services d'études et de recherches, C. Moorman et al., (1993) confirment que la perception de la compétence et de l'expertise du prestataire de services, favorise la qualité de l'interaction.
2.5. La complexité de l'interface
Van De Ven (1976) a expliqué l'interface de communication entre l'entreprise et son environnement par trois paramètres : la forma- lisation de l'interface, le partage de décision et la complexité de l'interface. Alors que le premier paramètre désigne le « degré » d'utilisation des documents écrits dans la relation entre la banque et l'entreprise, le second fait référence au poids relatif des deux parties lors de la prise de décision. Quant au dernier paramètre, il se mesure par la complexité du processus de communication entre l'entreprise et sa banque3.
3. Les Technologies de l'Information et de la Communication
L'adoption des TIC par les entreprises de services (C. Domegan, 1996) constitue une opportunité manifeste en vue de l'établissement d'un avantage compétitif durable dans le domaine bancaire (M. Colgate, 1998). Or, étant donné que l'avantage compétitif dans les services bancaires se matérialise par la qualité de la relation client (B. Lang et M. Colgate, 2003), nous défendons l'idée que les TIC favorisent la qualité de la relation. En effet, les TIC prennent une part sans cesse structurante dans les stratégies des entreprises de services, ce qui pourrait générer des avantages compétitifs significatifs, en l'occurrence une meilleure valeur ajoutée de la relation client (C. Domegan, 1996). Ceci explique l'appel de C. Holland et P. Naudé (2004) en vue d'une nouvelle approche de la théorie marketing qui devrait prendre en compte le fait que les TIC sont désormais encastrées dans les organisations en vue d'une meilleure gestion de la relation client. Dans ce sens, N. Nelson (1999) confirme que la gestion des TIC est primordiale pour générer un avantage compétitif à long terme dans les services bancaires.
Pour appréhender les TIC, nous nous référons à l'approche de Martin et al., (1999) qui les définissent comme étant « toutes les formes des technologies utilisées pour créer, enregistrer, manipuler, communiquer, échanger, présenter et utiliser les informations sous ses diverses formes (données, voix, images, présentations multimédias) et toutes les autres formes incluant celles qui ne sont pas encore créées ».
4. Hypothèses de la recherche
Selon C. Domegan (1996), le message est clair : les TIC améliorent le service fourni au client et doivent être correctement exploitées afin de générer un avantage compétitif. Dans la même lignée, M. Colgate (1998) avance que les TIC sont prometteuses d'un renforcement de la relation et suspectées d'induire des améliorations majeures dans l'efficacité des opérations marketing et de la relation client en général (N. Nelson, 1999) et plus particulièrement dans les industries intensives en informations comme les services bancaires (Bettis et Hitt, 1995). Ainsi, nous formulons l'hypothèse suivante :
إيضاح
تكبير 200 %
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Fig 1 : Modèle d'analyse

H1 : L'adoption des TIC dans la relation client améliore la qualité de la relation dans les services bancaires.
B. Lang et M. Colgate (2003) constatent que les TIC peuvent améliorer la relation client, véhiculer une information plus pertinente et réduire l'asymétrie d'informations entre les deux parties. Or, la réduction de l'asymétrie d'informations, favorise la réduction de la perception de l'incertitude dans la relation qui permet à son tour l'établissement de la confiance (R. Morgan et S. Hunt, 1994). D'où l'hypothèse suivante :
H2 : L'adoption des TIC dans la relation client favorise l'établissement de la confiance.
De par leur nature interactive, les TIC permettent une meilleure communication (B. Langet M. Colgate, 2003) et réduisent l'écart d'informations entre le client organisationnel et la banque. Ainsi, supposons ce qui suit :
H3 : L'adoption des TIC dans la relation client favorise la communication.
L'utilisation des TIC dans la relation est une mesure capable de contribuer au renforcement de la relation et à améliorer en conséquence le niveau d'engagement du client (R. Morgan et S. Hunt, 1994). Ces investissements technologiques peuvent être interprétés par les clients comme une volonté de la banque de valoriser la relation et de les inciter en conséquence à s'engager. A partir de ce moment, nous proposons ce qui suit :
H4 : L'adoption des TIC dans la relation favorise l'engagement. L'amélioration du niveau d'informations transmises par le responsable du compte au client favorise la perception de sa compétence (L. Crosby et al., 1990). Or, étant donné que les TIC permettent à juste titre d'améliorer les flux d'informations partagées (C. Domegan, 1996), nous proposons ce qui suit :
H5 : L'adoption des TIC a un effet positif sur la perception de l'intégrité du responsable du compte.
Les TIC offrent des nouveaux moyens de communication qui enrichissent et complexifient l'interaction entre le responsable du compte et les entreprises clientes (B. Lang et M. Colgate, 2003). Or, sachant que la complexité de l'interface contribue à la perception de la qualité de la relation, nous supposons ce qui suit :
H6 : L'adoption des TIC a un effet positif sur la perception de la complexité de l'interface.
5. Méthodologie
Dans le cadre de la vérification empirique des hypothèses théoriques, nous avons adopté une approche hypothético-déductive auprès d'un échantillon de petites et moyennes entreprises tunisiennes. Lors de la première phase qualitative, l'analyse de contenu thématique nous a permis d'affiner les variables identifiées dans la littérature et de fournir une justification additionnelle au modèle de recherche. La deuxième phase quantitative nous a permis de vérifier les hypothèses théoriques. Nous espérons ainsi profiter du pluralisme méthodologique désormais recommandé par les recherches en système d'informations (E. Monod, 2002). Toutefois, afin de ne pas surcharger le présent papier, nous concentrons les résultats de l'approche quantitative.
Le choix du secteur bancaire se justifie de différentes façons. Premièrement, le secteur bancaire a été l'un des premiers à adopter l'approche relationnelle (Y. Benamour, 2000). De plus, ce secteur d'activité est un domaine où les relations à long terme sont d'une grande importance, étant donné la concurrence accrue dans le secteur (L. Berry et A. Parasuraman, 1997).
Partant du paradigme de Churchill (1979), les items du questionnaire émanent des recherches antérieures en systèmes d'informations, services professionnels et financiers et relations interfirmes. Dans ce sens, signalons que la variable indépendante « utilisation des TIC » est mesurée par quatre indicateurs, à savoir UMAI (utilisation du courrier électronique), UINT (utilisation de l'Internet), UTEL (utilisation du téléphone) et UFAX (utilisation du fax). Les deux premiers indicateurs sont liés entre eux (y = 0.34) et les deux derniers le sont aussi (γ = 0.20). Toutefois, nous remarquons que le premier facteur, constitué des outils web, contribue mieux dans l'explication de la variable latente « utilisation des TIC ».
Le questionnaire a été administré auprès de 160 entreprises tunisiennes utilisatrices des différentes TIC dans leur relation avec leurs banques respectives. Les questionnaires ont été administrés aux directeurs financiers lesquels ont été identifiés lors de la phase qualitative comme étant les mieux placés pour se prononcer quant à la relation avec la banque. Les réponses valides étaient au nombre de 106 soit un taux de réponses de 66 %. Le questionnaire de recherche comprend trois sections distinctes.
La première porte sur les mesures d'utilisation des TIC, la seconde sur les caractéristiques de la relation entre le répondant et sa banque et la dernière concerne les caractéristiques sociodémographiques des répondants. Signalons que le test des hypothèses de recherche s'est effectué grâce à l'utilisation des logiciels SPSS et Lisrel 8.3.
6. Résultats
Nous avons effectué un premier test du modèle global. Mais ce dernier n'a pas convergé et n'a pas donné de résultats satisfaisants. En éliminant la variable « intégrité du rôle », nous obtenons un niveau d'ajustement satisfaisant. Le niveau d'ajustement du modèle est évalué par la statistique Chi-deux χ^sup 2^. Cependant, le χ^sup 2^ doit être utilisé avec circonspection en contexte d'équations structurelles et ceci en fonction de la taille de l'échantillon (Fornell et Larcker, 1981). Nous pouvons alors utiliser une valeur normée en divisant le ?2 par son nombre de degrés de liberté. Ainsi, l'ajustement du modèle aux données est considéré adéquat lorsque cette valeur (x2/ddl) est inférieure à 5 (Jöreskog et Sorborn, 1993). Cette condition est vérifiée pour notre modèle global ; le χ^sup 2^ ajusté au degré de liberté obtenu est égal à 1.35.
Les résultats de l'étude quantitative nous ont permis de confirmer la totalité des hypothèses théoriques. En effet, la totalité des liens étudiés sont significativement positives. Toutefois, nous remarquons que l'impact de l'utilisation des TIC varie d'une composante à une autre. Ainsi, cet impact est très important sur la variable complexité de l'interface (? = 0.75), modéré sur les variables engagement et communication (respectivement γ = 0.54 et γ = 0.46) et assez faible sur la variable confiance (γ = 0.23). Ce résultat paraît assez surprenant dans la mesure où nous nous attendons à ce que les variables confiance et engagement soient les plus sensibles à l'utilisation des TIC. En effet, et suivant l'approche relationnelle, la qualité de la relation entre la banque et ses clients institutionnels est tributaire dans une grande partie du niveau de la confiance au sein de la relation bancaire et du degré de l'engagement des entreprises dans la relation (I. Prim-Allaz, 2000).
Ensuite, nous trouvons que les TIC influencent d'une façon modérée l'intégrité du rôle du responsable de compte (γ= 0.44). En effet, le coefficient de régression standardisé de la variable exogène, obtenu par simulation avec Lisrel est de 0.2 et le T de Student est égal à 4.07 (largement supérieur à 1.96). L'addition de ce résultat confirme bien que notre modèle global est acceptable. L'utilisation des TIC a un effet positif sur la relation Banque/ Entreprise exprimée en terme de complexité de l'interface, de communication entre l'entreprise et sa banque, d'intégrité du rôle du responsable de compte, d'engagement des entreprises dans la relation B/E et de confiance.
7. Discussion des résultats
Nos résultats empiriques viennent confirmer dans le cadre des relations interentreprises, les différentes préconisations quant aux rôles des TIC dans l'amélioration de la relation client d'une façon générale (C. Holland et P. Naudé, 2004), dans les services professionnels (C. Domegan, 1996) et plus particulièrement les services bancaires (B. Lang et M. Colgate, 2003). A ce niveau, il est intéressant de souligner que, même si l'impact des TIC a été identifié comme positif sur l'ensemble des antécédents, il n'en demeure pas moins qu'il n'est pas le plus significatif sur les variables les plus structurantes de la qualité de la relation, à savoir la confiance et l'engagement (R. Morgan et S. Hunt, 1994 ; I. Prim-Allaz, 2000 ; S. Gounaris, 2005). Ceci pourrait s'expliquer par le fait que les TIC ne sont pas suffisamment sophistiquées comme dans le cadre de B. Lang et M. Colgate (2003) où l'on évoque des technologies comme les réponses interactives. En effet, nos résultats montrent que les outils web constituent la technologie la plus utilisée. Les clients ne pouvant pas se limiter à la communication via les outils web pour réduire leurs asymétries d'informations (Y. Benamour, 2000) et à moindre degré pour favoriser leur confiance dans la banque (R. Morgan et S. Hunt, 1994).
En ce qui concerne l'engagement, le rôle des TIC reste modéré puisque le client n'arrive pas à percevoir l'investissement réalisé par la banque dans les TIC pour améliorer la relation au sens de E. Anderson et B. Weitz (1992). L'utilisation des outils web n'étant pas perçue comme étant un investissement spécifique à la relation.
Par contre, le lien positivement significatif entre les TIC et la complexité de l'interface s'explique par le fait que les TIC enrichissent le processus relationnel. Ce dernier se base non seulement sur le face-à-face mais désormais sur un ensemble de moyens permettant au client d'interagir avec le responsable de compte d'une manière asynchrone (exemple du courrier électronique, Internet) ou d'une manière synchrone (téléphone) en cohérence par rapport à la définition des TIC donnée par Martin et al., (1999). Enfin, les TIC ont été identifiées comme ayant une influence positive modérée sur l'intégrité du rôle. Ceci s'explique par le fait qu'à l'état actuel de l'utilisation des TIC, ces dernières ne permettent pas de véhiculer la compétence et l'expertise nécessaires aux yeux du client. Contrairement à la préconisation de C. Domegan (1996), les TIC semblent accélérer la vitesse de transmission des informations sans pour autant améliorer la qualité du contenu des informations, ce qui explique le lien significativement modéré mais positif.
Conclusion et pistes de recherche
En conclusion, nous démontrons que les TIC influencent d'une manière généralement positive la qualité de la relation dans le domaine bancaire. Toutefois, nous précisons que le niveau d'impact des TIC varie d'un construit à un autre. Cette étude confirme bien le rôle positif qu'avait prédît la littérature pour les TIC dans la perspective de la qualité de la relation (C. Domegan, 1996) et plus particulièrement dans le domaine bancaire (B. Lang et M. Colgate, 2003 ; N. Nelson, 1999). Toutefois, pour que les TIC arrivent à influencer d'une manière plus importante les principaux construits de la qualité de la relation, à savoir la confiance et l'engagement (S. Gounaris, 2005), elles doivent au préalable atteindre un niveau de sophistication plus prononcé qui permettrait de transmettre des informations et/ou de fournir des services dont la valeur ajoutée serait plus significative. Dans ce sens, les résultats de la présente étude pourraient profiter aux banques désireuses d'exploiter les opportunités offertes par les TIC. L'objectif étant de prendre conscience de l'effet des TIC actuellement déployées afin de favoriser un alignement stratégique au sens d'Henderson et Venkatraman (1993) entre une stratégie technologique plus prononcée et une stratégie managériale visant à améliorer la qualité de la relation client (C. Domegan, 1996).
En effet, les retombées positives des TIC en terme de qualité de la relation dans le contexte américain (N. Nelson, 1999) ou dans le contexte européen (C. Domegan, 1996) devraient encourager les banques tunisiennes à investir davantage dans les TIC. Ainsi, il y aura lieu de reconsidérer la même problématique via des TIC plus développées, surtout en considérant que le secteur bancaire est prolixe en informations (Bettis et Hitt, 1995) et serait ainsi plus disposé à tirer profit de !'implementation des TIC ayant un sens aux yeux des clients organisationnels. Ces derniers deviennent d'ailleurs de plus en plus sensibles aux investissements technologiques des organismes financiers en les percevant comme un effort délibéré visant à réaliser des investissements spécifiques (B. Lang et M. Colgate, 2003). Le but ultime étant d'améliorer la coopération inter-firmes et la qualité de la relation (E. Anderson et B. Weitz, 1992). D'ailleurs, B. Lang et M. Colgate (2003) trouvent que les banques qui n'arrivent pas à fournir les canaux de communication valorisés par leurs clients, auront plus de difficultés à construire des relations de qualité. Ainsi, et dans la lignée de ce qui précède, nous encourageons la prise en compte systématique de la perception du client quant à la capacité des TIC a améliorer la qualité de la relation.
Enfin, la nature intra-organisationnelle de la gouvernance des TIC, n'empêche pas l'intégration de réflexions inter-organisationnelles en amont - en l'occurrence la présente étude - visant une meilleure appréciation des projets technologiques inter-organisationnels. En outre, l'étude en amont des rôles des TIC actuelles peut s'avérer utile lors de la conception d'applications technologiques plus sophistiquées (B. Lang et M. Colgate, 2003). Ceci favoriserait une appréciation réaliste du retour sur investissement technologique et une meilleure estimation des risques ().

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